L’activité physique peut constituer une méthode efficace pour gérer les problèmes de santé mentale.
En complément ou en substitut (pour les cas légers) d’une thérapie et de médicaments, faire une course à pied ou se rendre à la salle de sport peut nous aider à contrôler nos humeurs et nous offrir un exutoire sain pour le stress.
Mais à quel moment franchit-on la limite entre une stratégie de gestion saine et une évitement contre-productif ?
Une récente recherche a exploré cette question, et j’ai remarqué beaucoup de réflexions familières en lisant l’étude.
Les auteurs ont choisi d’examiner la course à pied comme moyen d’évasion, ce qui est tout à fait pertinent : faire une course peut être une façon de laisser nos problèmes quotidiens de côté pour un moment.
On pourrait en dire autant du fait de jouer aux jeux vidéo, de lire des romans de fantasy, ou même de noyer ses chagrins dans l’alcool.
Les chercheurs suggèrent qu’il existe deux types d’évasion : une où l’on cherche à vivre de nouvelles expériences ou résoudre des problèmes dans sa vie, et une autre où l’on cherche simplement à éviter ou à réprimer des choses auxquelles on doit faire face. Pour le dire autrement : on fuit nos problèmes.
L’évasion est-elle toujours négative ?
Dans le cas de l’anxiété, par exemple, l’évitement est un écueil majeur. On retarde un projet par peur de son résultat ou de ce que les gens penseront de nous.
Ou on ne rappelle pas quelqu’un parce que la simple pensée de le faire nous effraie, et qu’il est plus facile de faire n’importe quoi d’autre que de passer ce coup de fil.
Dans l’étude sur la course à pied, les auteurs ont élaboré un questionnaire qui séparait ces deux aspects de l’évasion : court-on parce qu’on recherche quelque chose de positif (plaisir, divertissement, volonté active de résoudre un problème de santé mentale) ou parce qu’on fuit quelque chose de négatif (répression temporaire des pensées futures ou rumination sur le passé) ?
J’aurais supposé que ces idées seraient difficiles à distinguer, mais les chercheurs ont découvert qu’il n’y avait pas beaucoup de chevauchement entre les coureurs qui couraient pour « l’auto-expansion » (comme ils l’ont nommé) et ceux qui couraient pour « l’auto-répression ».
Ceux qui optaient pour l’auto-répression, la forme négative d’évasion, avaient tendance à avoir des scores plus bas dans les mesures de la satisfaction de vie, ce qui pourrait bien sûr être un problème de cause à effet. De plus, ils étaient plus susceptibles de montrer des signes d’addiction à l’exercice.
Quelle quantité d’exercice est excessive ?
On parle plus souvent de l’addiction à l’exercice dans le contexte des troubles alimentaires que de l’évitement.
Par exemple, la National Eating Disorders Association décrit l’exercice compulsif comme étant souvent associé à des purges après les repas, ou comme un moyen de se donner la permission de manger.
L’exercice compulsif peut inclure des activités physiques réalisées à des moments ou des endroits inappropriés, ou qui perturbent la vie quotidienne ou la santé, comme par exemple continuer à faire de l’exercice malgré une blessure qui nécessite du repos.
Dans ce contexte, l’addiction à l’exercice va souvent de pair avec une alimentation insuffisante, et peut entraîner d’autres complications de santé physique, comme le sur-entrainement, la perte de masse osseuse, le triade de la sportive et l’insuffisance énergétique relative dans le sport (une sorte de combinaison sous-alimentation/sur-entrainement).
Mais si on prend soin de soi physiquement, et que notre exercice n’est pas trop extrême, est-ce vraiment si mauvais d’utiliser l’activité physique pour échapper à nos problèmes ? L’étude actuelle ne fournit pas de réponse à cette question, et finalement, il faut probablement consulter un thérapeute pour savoir si nous avons des problèmes à résoudre et quelle est la manière la plus saine de le faire.
Personnellement, je sais que j’ai recours à l’exercice à la fois comme forme positive et négative d’évasion. Parfois, je suis de mauvaise humeur, et je sais que si je fais une promenade ou des intervalles de 10 minutes sur mon vélo d’intérieur, je me sentirai mieux et je pourrai retourner à ce que je faisais.
C’est le bon côté. Mais je monte aussi sur le vélo lorsque j’ai passé une mauvaise journée et que je veux simplement mettre le monde sur pause pour un moment.
Ou lorsque j’ai « faire une séance d’entraînement » sur ma liste de choses à faire, en parallèle de quatre autres choses qui me tracassent. Oups, après l’entraînement, je suppose que je n’ai plus le temps pour les autres !
En fin de compte, je sais que l’évitement est quelque chose que je dois éviter. Mais j’ai aussi le sentiment que je préférerais avoir une habitude de cyclisme d’une heure par jour plutôt qu’un problème d’alcool, par exemple. Si vous vous retrouvez à penser de cette façon à propos de vos propres habitudes d’exercice, il peut être utile de jeter un regard honnête sur les raisons pour lesquelles vous vous entraînez autant.
Bonjour, je m’appelle Emilie et je suis rédactrice ICM46 spécialisée dans la santé et le bien-être. Je suis passionnée par la promotion d’un mode de vie sain et équilibré, ainsi que par la recherche de moyens naturels pour maintenir et améliorer la santé.