Découvrez les Polluants Contaminant l’Eau du Robinet Près de Chez Vous

Dans la période allant d’octobre 2020 à décembre 2022, l’Anses, une institution dédiée à la sécurité sanitaire, a effectué des tests dans notre eau de boisson, visant à déterminer la présence éventuelle de débris de pesticides, d’explosifs et d’un certain type de solvant industriel. Ce sont des contaminants qui n’ont jamais été précédemment détectés lors de nos études d’évaluation qualitative de l’eau sur 300 points précis sur le territoire français.

Dans un travail de partenariat entre franceinfo et la division d’investigation de Radio France, une carte révélant les polluants inédits dans l’eau potable a été publiée. Ces polluants incluent les résidus de pesticides, d’explosifs et de solvants.

Ces résultats proviennent d’une analyse effectuée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), à travers 300 sites différents en France, entre octobre 2020 et décembre 2022. Ce rapport unique a révélé une contamination préoccupante par le chlorothalonil, un résidu de pesticide, dans un tiers des sites contrôlés.

Nous avons eu la possibilité de consulter les données de l’Anses et ainsi découvrir où les échantillons ont été recueillis, un détail qui n’avait pas été divulgué auparavant.

Nos cartes interactives vous permettent de découvrir quels polluants ont été trouvés près de chez vous.

Le 1,4-dioxane qui surpasse parfois le niveau sanitaire fixé par New York

Seul un petit pourcentage des 100 000 molécules chimiques en circulation, soit à peu près 500, est bien connu. Pour déterminer celles qui pourraient nous causer du tort, l’Anses effectue des tests tous les trois ans pour détecter de nouvelles molécules.

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Ce fut le cas du 1,4-dioxane, un solvant considéré comme potentiellement cancérigène. Bien qu’il n’y ait actuellement pas de limite sanitaire établie pour cette substance dans l’eau potable en France, il est déjà dans le viseur des régulateurs de santé américains. À New York, l’eau du robinet est coupée si le taux de 1 µg/L est dépassé.

Il a été démontré par des données de l’Anses que ce seuil avait été atteint dans plusieurs échantillons, notamment à Mareil-sur-Mauldre dans les Yvelines.

Des recherches sont actuellement en cours pour déterminer la source de ce produit chimique largement utilisé dans l’industrie. Lorsqu’on lui a posé la question, l’Agence Régionale de Santé (ARS) a précisé qu’il n’était pas obligatoire d’en informer les usagers. De plus, les niveaux observés en France sont bien en dessous du seuil établi par l’OMS, qui est de 50µg/L, et qui est utilisé pour l’instant comme référence pour ce solvant en l’absence de limite sanitaire en France.

Des vestiges d’explosifs de la Première Guerre mondiale

La plupart des explosifs repérés par l’Anses dans l’eau que nous buvons sont d’époque de 14-18, y compris en des lieux assez éloignés des champs de bataille. Deux autres explosifs plus actuels, le RDX et le HMX, ont également été détectés. Les comparaisons avec des limites étrangères ne signalent aucune transgression sur les sites étudiés. Pourtant, ces produits non plus ne disposent pas de limite sanitaire établie en France.

Même le professeur de toxicologie Franck Saint-Marcoux du CHU de Limoges avoue : « Nous sommes toujours dans l’incapacité de répondre à la question : sommes-nous en train de nous empoisonner ? »

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Les pesticides : un cocktail à effet retardé ?

28 pesticides différents ont été découverts dans l’eau du robinet à Choye, une municipalité de Haute-Saône. 13 d’entre eux présentent une concentration supérieure à 100 ng/L. Ils comprennent des métabolites, des molécules créées à cause de l’exposition au soleil après la diffusion de pesticides, dont la plupart n’ont jamais été évalués pour leur toxicité.

Parmi tous les 300 échantillons testés par l’Anses entre 2020 et 2022, aucun n’a dépassé la limite sanitaire imposée d’urgence par les autorités.

Certains lieux affichent une concentration en substances qui impose de corriger les captages. En effet, la loi contraint de réaliser des travaux lorsque le seuil de métabolites de pesticides dépasse 100 ng/L (pour alachlore OXA, chlorothalonil R47811, désethyl-terbuméton, deséthyl-chloridazone, desphényl-chloridazone, flufenacet ESA, methyl-desphényl-chloridazone, NN-diméthylsulfamide, 2,6-dichlorobenzamide) ou 900 ng/L (pour acétochlore ESA, acétochlore OXA, alachlore ESA, CGA 354742, CGA 369873, dimethenamide ESA, dimethenamide OXA, métazachlore ESA, métazachlore OXA, métolachlore ESA, métolachlore OXA), et de nombreux échantillons de l’Anses montrent que c’est le cas à plusieurs endroits.

C’est d’ailleurs sur la base de ces analyses qu’ils ont décidé récemment de suspendre certains captages.

Si vous avez des informations à transmettre à l’équipe d’investigation de Radio France, de façon anonyme et sécurisée, vous pouvez maintenant le faire en cliquant sur alerter.radiofrance.fr.

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